Élection présidentielle anticipée : comment Tebboune prépare le passage en force de son 2e mandat
Live d’Algérie Part avec Abdou Semmar : Non, la surprenante annonce de l’organisation d’une élection présidentielle anticipée en Algérie ne correspond nullement à la probabilité d’une démission de l’actuel Président Abdelmadjid Tebboune et ne reflète pas une volonté de sa part d’abdiquer le pouvoir. Au contraire, nous avons pu confirmer au cours de nos investigations que cette annonce controversée entre dans le cadre de toute une stratégie machiavélique visant à préparer l’Algérie au... passage en force de son 2e mandat qui lui permettra de rester encore pendant 5 années supplémentaires à la tête de l’Etat algérien. En effet, cette stratégie a été élaborée en concertation entre Abdelmadjid Tebboune, son entourage le plus proche et Said Chengriha, le patron de l’Institution militaire algérienne. Le 21 mars, la première étape consistait à convoquer une réunion d’urgence avec une mise en scène bien étudiée puisque l’objectif inavoué était de faire croire aux Algériennes et Algériens que leur pays va vivre une situation d’exception, voire de subir un état de siège. Effectivement, les présidents du Parlement, du Conseil de la Nation et de la Cour Constitutionnelle ont été réunis pour la première fois depuis la fin de décennie noire des années 90 avec le Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale et Populaire (ANP) et le Premier-ministre sous l’égide du Chef de l’Etat comme le décrit la Constitution algérienne dans ses articles 97 et 98 portant sur la nécessité de “décréter l’état d’urgence ou l’état de siège, pour une durée maximale de trente jours“ renouvelable une deuxième fois. Il s’agit d’une réunion prévue par la Constitution algérienne uniquement dans le cas où “le pays est menacé d’un péril imminent dans ses institutions, dans son indépendance ou dans son intégrité territoriale“. Mais à la fin de cette réunion du 21 mars, aucune décision officielle n’a été annoncée concernant la mise en place d’un quelconque dispositif d’Etat d’Exception. L’objectif était de donc dans une première étape de communiquer ou de diffuser au sein de la population algérienne un sentiment d’insécurité, d’instabilité inspirée par la supposée situation exceptionnelle qui prévaut dans le pays. Pas d’état d’urgence ou de siège déclaré, mais une date fixée pour des élections présidentielles anticipées sans fournir le moindre bien-fondé juridique pouvant justifier une telle décision surprenante. L’effet de surprise est générale et c’était le premier but recherché par Abdelmadjid Tebboune et Said Chengriha. Créer la panique et prendre de court les opposants, les partis politiques et la société civile afin de ne pas leur laisser le temps de réagir. La campagne électorale devra, en plus, commencer au mois d’août 2024 en plein été avec des températures caniculaires qui séviront dans toutes les régions du pays sans oublier la torpeur estivale qui va démobiliser la population et décourager ainsi toute initiative politique. Les opposants à Tebboune sont toujours dans l’expectative et attendent toujours sa décision finale concernant l’option de briguer son deuxième mandat. Cette décision va tarder puisque Tebboune va jouer le chronomètre jusqu’au bout en laissant planer un suspense qui fera perdre beaucoup de temps, tout en les épuisant, à ses adversaires lesquels cherchent des informations fiables afin d’adapter leurs stratégies au contexte politique en vigueur dans le pays. Et c’est ainsi que Tebboune pourrait attendre jusqu’à la fin du mois d’avril, voire début mai pour faire son annonce de candidature présidentielle laissant ainsi très peu de marge de manœuvres , moins de deux mois avant la campagne électorale, à ses adversaires qui chercheront à torpiller ou empêcher son 2e mandat. Avec cette configuration, et une campagne électorale en plein mois d’août, période des congés avec des universités vides, écoles vides, entreprises quasiment vides aussi, les services de sécurité pourront imposer un contrôle très strict et absolu de la rue ainsi que des bureaux de vote. C’est le scénario qui permet à Abdelmadjid Tebboune d’être couronné président pour un 2e mandat avec le moins de fracas possibles et sans souffrir d’une résistance farouche puisque les risques d’une reprise du Hirak populaire ou de déclenchement d’actions hostiles de l’opposition seront réduits au strict minimum. C’est le parfait passage en force pour le 2e mandat. Explications.
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